samedi 6 avril 2019

Le Mode Non-Verbal a sa Propre Communication - Écouter avec d'Autres Sens... Entendre ?



Alors certes, vous voyez un enfant sur la photo et vous allez peut-être vous dire qu'être non-verbal se limite aux enfants que vous alliez qualifier "d'autistes sévères", qu'en grandissant on va tellement le matraquer pour le remettre dans le "droit chemin" (eh oui, faut tellement sortir du non-verbal dans la logique neurotypique...) qu'il va forcément sortir de là, un peu, beaucoup, passionnément, certainement plutôt à la folie...

Peut-être il n'en sortira pas, et alors ? Est-ce pour autant une fin en soi ? Est-ce pour autant qu'il ne communique pas ? Je ne vais même pas parler "d'efforts de communication" parce que ce terme renvoie simplement au fait d'absolument coller au modèle neurotypique, et pourquoi faudrait-il nécessairement le suivre, comme si chez nous, on avait rien à vous apporter et que vous ne pourriez pas plutôt nous visiter un peu et nous ficher la paix... j'entends respecter notre terrain, notre environnement, notre réalité, tout aussi valable que la vôtre ^^

La non-verbalité ne se limite donc pas à l'enfance. On peut grandir ainsi, complètement, partiellement... on peut même ne jamais l'avoir été et le devenir temporairement, avec l'âge, à des moments bien précis... et cela peut être le cas pendant les meltdowns / shutdowns.

Je ne vais rien inventer dans cet article sur la non-verbalité, je vais écrire de ma propre expérience. Je ne suis pas non-verbale permanente, cela m'arrive à des temps bien précis, fortement liés aux meltdowns/shutdowns mais pas seulement. Cela peut durer au grand maximum quelques heures.
Quand cela se passe, tous les mots, les phrases sont bien présentes dans la tête, on les entend, on peut même les voir s'écrire, s'articuler et tout aimerait tellement sortir en son, on aimerait tellement communiquer de cette façon, on ne peut pas nier ressentir ce besoin et ce mécanisme naturel "pensée-(sentiments/ressentis)-parole-action" mais... on ne peut pas, comme si quelque chose était fermé de l'intérieur.


Rien ne sort, ou peut-être parfois, par chance, quelques mots ici et là, pas toujours dans le "bon ordre", alors pas toujours compréhensible à celui qui a l'habitude d'une communication neurotypique, "comme on l'apprend", qui ne sort absolument pas de quelconque carcan... mais cela peut être une communication compréhensible à celui qui sait écouter, et j'ai envie de dire "entendre" à travers / sous différents angles...

À ceux qui feraient l'expérience de la non-verbalité de façon temporaire, si cela vous arrive et que vous êtes seuls, j'ai presque envie de dire que c'est mieux ainsi. Il n'y a qu'à dealer avec ça à sa façon, sans un surplus de pression qui pourrait être rajouté par des tiers, et à un moment donné, cela passera comme c'est venu...
Passer cela en étant entouré, je trouve, rajoute de la pression, de l'inquiétude, encore plus quand on est dans un entourage non-compréhensif voire insultant, moqueur, violent, cela peut vite devenir un véritable cauchemar.

Oh combien de fois, j'ai moi-même entendu "mais p***** mais parle, parle, ce que tu baragouines n'a pas de sens, tu fais exprès, tu n'es pas un enfant, je ne comprends rien... allez, tu peux communiquer, arrête de jouer, arrête de faire ton cinéma, je peux pas t'aider..." sur un ton agressif, moqueur, rabaissant, avec un regard noir, perçant, terrifiant...

Au même moment, on peut avoir un éclair de conscience, de compréhension et se rendre compte que ces personnes n'expriment que leur peur, ce n'est qu'elle qui parle à leur place... leur peur de ne pas être capable de faire face à cet inconnu, ces ressentis qu'ils ne connaîtront probablement jamais... leur peur de ne pas pouvoir / savoir aider et oh combien ils détestent ce sentiment d'impuissance...

Mais cela n'est pas pour arranger quoi que ce soit à ce que traverse la personne non-verbale que l'on secoue ainsi, comme lors d'un séisme extrêmement violent.

Ce qui va se passer dans sa tête peut se présenter ainsi : les mots tournent et retournent à une vitesse folle, les phrases se mélangent, tout se confond, l'impression d'être devenu un volcan, que le magma serait les phrases, la lave serait les mots, que tout s'agite et est prêt à exploser... et pas forcément extérieurement, d'ailleurs...

On se sent tout aussi impuissant, au même titre que rabaissé, insulté, complètement ébranlé, au seuil du désespoir... parce que NON, on ne joue pas, et nous ne sommes encore moins "un enfant", terme qui subitement est devenu péjoratif...

On se sent dévasté, seul, sans amour, sans soutien et à la fois dans une demande d'un regard compatissant qui dépasse tout entendement, d'un ton de voix rassurant et peut-être même sans forcément avoir besoin de mots... simplement "donner une oreille"... écouter avec le Coeur, peut-être pouvoir gentiment toucher le bras, l'épaule, le dos, le chakra du coeur...

Oui, dans une telle demande et attente d'une Âme capable de cette empathie qui saura produire une sorte de "Magie", qui aidera à relaxer, sans avoir besoin de forcer quoi que ce soit, sans que cela soit même l'objectif, qui aidera à passer ce moment dans la sérénité, la paix, peu importe le temps que cela prendra, qui saura être dans l'instant, respecter ce qui doit être et advenir... une Âme qui saura peut-être même rediriger le mode de communication et aura cette initiative de faire écrire, dessiner, ou tout autre façon de pouvoir laisser la personne non-verbale s'exprimer... sans se moquer d'elle... faire un pas vers elle... en se disant qu'elle aussi a tant à nous apprendre....

Je vous laisse le soin d'appliquer tout cela à la non-verbalité de longue durée, et le - par conséquent - tout aussi long cheminement vers l'apprivoisement...

En aucun cas je ne vois quelconque bénéfice à tenter de transformer l'autre selon ses critères et ses codes, à faire sortir l'un, enfermer l'autre... il s'agit de trouver un point, presque un point de Suture... quelque part sur la Route... plutôt que toujours des points de Déchirures, de Ruptures, de Répétitives Piqûres...

Avec un Fil et une Aiguille, on peut faire tellement de belles choses...
Tracer...
Respirer...
Transmettre...
Parler...

Pas à pas...
Point après point...


Tant à apprendre mais...


... il arrive parfois que certains quittent le Chemin en pleine Route... et que dire quand il s'agit de la propre famille (et/ou entourage très proche) qui fait/font du déni à propos de l'autisme de leur enfant/autre... quand ils ne veulent plus comprendre, plus apprendre. Quand ils ont jusqu'à avoir honte des manifestations que l'autisme peut prendre, qu'être autiste alors devient une insulte, un moyen de culpabiliser et une future menace souvent suivie d'une séparation voire d'un rejet total...

Quand on crève d'être soi-même et de recevoir une once d'Humanité des siens, mais qu'il faut se faire une raison, que la Loi de la Jungle reprend le dessus... Parvenir à Être et Devenir... malgré...

... se sentir Orphelin... Errant... mais tellement Libre... Dehors...

... Lier comme jamais avec le Végétal, le Minéral... et l'Animal...

... et pourtant, toujours avoir une Once d'Espoir en l'Humain, se dire qu'un jour, à son Rythme, il aura un Déclic et voudra apprivoiser le Différent et même apprendre de lui... apprendre de soi à travers lui...